samedi 12 février 2011

Compte-Rendu Spécial Gérardmer 2011



Retour l'événement fantastique de ce début d'année: Le festival du film fantastique de Gérardmer qui s'est déroulé du 26 au 30 Janvier 2011.
Le froid et la neige étaient au rendez-vous et nous accompagnaient dans les files d'attente, encore une fois bien chargées cette année. Et comme chaque année, l'organisation était pour le moins burlesque voire improvisée ce qui a valu de nombreuses plaintes des festivaliers.
En effet, cette année, de nombreuses personnes ayant pris le pass festival (le pass ultime prioritaire!) n'ont pas forcément pu assister aux séances qu'ils souhaitaient, toutes les salles étaient complètes et ils ont stoppé la vente de pass le samedi!!!
Bref, une bonne galère mais finalement, votre cher serviteur que je suis a bataillé dans la neige et le froid au prix de sa santé mentale pour voir un max de films et vous offrir ce présent compte-rendu trés exhaustif!


 
Allez, sans plus attendre, commencons par le palmarès:


 
Bedevilled de Jang Cheolsoo, le grand prix du festival.


Haewan, trentenaire célibataire travaillant à Séoul, predn des vacances et part sur l'île de Moodo retrouver son amie d'enfance Boknam, maltraitée et abusée par la communauté de l'île. Boknam demandera de l'aide à son amie qui lui refusera, et finira par commettre l'irréparable.
Trêve de suspense, ce film mérite amplement son prix. Il commence comme un drame tranquille et finit par une vengeance éprouvante et sanglante. Les deux actrices principales sont superbes de justesse et leur parcours long, viscéral, captivant et vrai. La photographie est superbe et le réal nous offre de véritables tableaux, magnifiant cette île, coupée du monde, à la communauté recluse. Le final (en fait, toute la partie où Boknam cède à sa folie vengeresse) est jouissif, poignant et jusquau-boutiste.
Pour un premier film, c'est une véritable claque, à voir ou revoir au plus vite!!!

Cette année, deux films ex-aequo pour le Prix du Jury:
et
Dans le premier, une chronique adolescente, nous suivons Brent, qui se fait enlever par Lola et son père, tout simplement parce qu'il a refusé d'accompagner la charmante demoiselle au bal de fin d'année. Lola l'aura quand même pour son bal qu'elle fera chez elle où le malheureux Brent subira de nombreuses tortures sympathiques et variées.
Torture-porn teen, oui mais sans les clichés et plus fin moins gratuit. Premier point positif à l'instar du trés bon All Boys Love Mandy Lane, on nous présente des adolescents vrais, pas forcément biens dans leur peau, pas des gravures de mode et avec des cerveaux!
Sans trop gâcher les surprises, on peut dire tout de même que le premier élément bien trouvé est que le héros s'automutile à la base et donc a donc une certaine résistance à la souffrance physique. Le film baigne dans un humour noir plutôt bien senti, regorge de trouvailles qui le rend trés sympathique d'autant qu'il est emprunt d'une ambiance trés années 80. Par ailleurs, il nous livre une critique bien senti de l'univers puritain des bals de fin d'années qu'il traite avec un contre-pied qui fait plaisir à voir.
Pas un chef d'oeuvre car on n'échappe pas à certains clichés inhérents au torture-porn mais c'est un trés bon premier film.


Malheureusement, je ne pourrais rien dire sur Ne nous Jugez pas  que je n'ai pu visionner faute de temps. D'après les échos que j'ai pu en avoir, il s'agit avant tout d'un drame traitant de la vie d'une famille de cannibales après la mort du père, qui fournissait la nourriture pour son foyer. Touchant pour certains, assomant pour d'autres, le film a divisé.


On arrive à un monstre du festival, le déjà trés plébiscité J'ai rencontré le diable de Kim Jee-Woon, qui a donc remporté les prix de la critique, du jury jeunes et du public.


Un agent pourchasse l'assassin de sa femme. Dit comme ca, ca a pas l'air original du tout mais c'est beaucoup plus fou que ca et les deux personnages principaux jouent au jeu du chat et la souris où les statuts de boureau et victime se confondront constamment jusqu'à un final extrêmement nihiliste. Je n'en dit pas plus la presse généraliste ayant déjà largement pris le relais. On s'inqiète pas pour la carrière de ce film même si en France, comme d'hab, ce sera une sortie en catimini et seulement dans quelques mois.
Incontournable en tout cas.


 
On arrive au dernier film primé et pas des moindres, le malchanceux Triangle de Christopher Smith (Creep, Severance, bref que du bon!) qui s'en sort certes avec le prix du meilleur inédit vidéo mais qui aurait amplement mérité une sortie en salle et beaucoup plus tôt puisqu'il date quand même de 2009.



Passé ce scandale, on a enfin accès cette superbe pépite. On y suit Melissa George qui rejoint des amis pour une balade en bâteau. Rapidement pris dans une tempête, ils abanbonneront l'épave pour se réfugier dans un gigantesque paquebot croisant leur route, étrangement vide.
A partir de là, on ira de surprise en surprise (que je ne dévoilerais bien évidemment pas), à la croisée des genres. Film superbement réalisé, au scénario impressionnant de précision, le fond épousant somptueusement la forme, il fait référence à différents mythes et notamment à celui du hollandais volant et d'Aeolus, Dieu du Vent (le nom du fameux paquebot). Melissa George est parfaite en femme fragile et torturée et porte le film sur ces épaules puisqu'on suit parcours haletant du début à la fin sans s'en détacher une seconde.
Difficile d'en dire plus, simplement un conseil: achetez-le, regardez-le et je suis sûr que vous ne regretterez pas ce voyage original dans ce qui est pour moi une des meilleures oeuvres fantastiques de ces dernières années!!!



On passe maintenant aux films en compétition non récompensés.
Autant commencer par le film d'ouverture
Devil de John Erick Dowdle.





Tout d'abord, petite précision importante: ce film est le premier d'une trilogie, "The night chronicles" produit et scénarisé par ce trés cher M. Night Shyamalan , laissant la réalisation à de plus jeunes artistes.
C'est donc John Erick Dowdle, réalisateur du parfaitement inutile En Quarantaine, qui s'y colle. L'histoire est trés complexe: cinq personnes sont coincées dans un ascenseur, l'une est le Diable. Voilà! Bon, on va dire que c'est sympathiquement mauvais, l'intro fait illusion, les plans inversés sur la ville étant une trés bonne idée mais le reste de la réal est assez planplan. Les meurtres sont trés répétitifs: la lumière clignote, s'éteint, se rallume et hop, un mort. Il y a bien évidemment la Shyamalan touch, à savoir un côté religieux carrément appuyé, vous me direz un film avec le Diable c'est un peu normal, mais là, le discours est trés niais et même puant jusqu'à une fin au twist assez atroce et indigeste. Le personnage le plus ridicule du film étant le petit croyant qui a tout de suite compris ce qui se trame. Sa démonstration d'une tartine tombant du côté de la confiture pour expliquer que quelque chose ne va pas vaut son pesant de cacahuètes, un grand moment de comique involontaire. Bref ce n'est pas fameux mais étrangement, ça se laisse regarder, c'est rythmé, on se prend au jeu de l'enquête malgré les nombreuses maladresses d'écriture. Un film un peu vain, vite vu, vite oublié.

Petit détour vers Hong Kong avec Dream Home de  Pang Ho-Cheung, un slasher immobilier bien vénère où Josie Ho est prête à tout pour s'offrir l'appartement de ses rêves.





Et elle n'y va pas de main morte la bougre, le métrage se montrant clairement gore et grand-guignolesque. D'un point de formel, c'est joliment emballé, les meurtres au réalisme assez saisissant sont trés bien mis en scène et encore une fois trés graphiques. Le montage alternant entre le passé expliquant les motivations de notre anti-héroïne et la nuit du massacre est plutôt malin et amène progressivement les réponses à nos questions. Le film est ainsi un joli pamphlet contre la société consumériste et le commerce immobilier. Une oeuvre qui remue les tripes et le cerveau.



Le festival nous offre un joli tour du monde cette année, parlons donc de la petite escale au Maroc qu'est Mirages de Talal Selhami.




 Cinq personnes ayant postulé pour une société sont sélectionnées par cette dernière pour une ultime épreuve censée les départager. Les voici donc embarquées dans un mini-bus qui finira par se crasher en plein désert. Accident? Test? Les questions se multiplient au sein du groupe et les mirages dudit titre ne tardent pas à faire monter la pression. Premier film, petit budget, sujet un peu façon quatrième dimension lorgnant clairement du côté de Cube. Mais alors, est-ce que c'est bien. L'intro est enthousiasmante nous présentant des personnages charismatiques plutôt bien écrits aux interprêtes tous excellents. L'humour de base fait mouche et l'ambiance dans le groupe sonne juste avec des dialogues plutôt bien écrits. Mais lorsque le groupe se disloque peu à peu et que le fantastique entre en jeu, l'écriture devient plus maladroite et les personnages tournent en rond à l'image du scénario. Ben oui, c'est triste à dire mais ça devient rapidement ennuyeux, le réal ne souhaitant visiblement répondre à aucune question. J'en viens d'ailleurs à y faire une comparaison avec Lost aux personnages travaillés, qui, face au vide du scénario finissent par tourner en rond, dans un île dans un cas et dans le désert pour l'autre, avec une fin nous donnant l'impression de nous être fait enfilés. Heureusement, ici, ça ne dure qu'une heure trente, pas six saisons. Ouf. En tout cas, c'est bien dommage et je reste enthousiaste quant au potentiel du réalisateur, mais avec un scénar plus solide.



Sinon, à part ça, une chasse aux trolls, ça vous tente? Pas de souci, le finlandais Troll Hunter de André Øvredal est dans la place.



La base est simple, on nous ressort le coup de la cassette retrouvée à la Blair Witch. Dans le cas présent, des étudiants enquêtent sous forme de documentaire sur les morts inexpliquées d'ours. Ils vont ainsi croiser la route du fameux chasseur de trolls. On va pas y aller par quatre chemins, ce film nous donne ce qu'on est venu voir: des trolls et y'a pas d'arnaque parce qu'on en voit un paquet et qu'ils sont superbes. Le film est rythmé, trés drôle avec un vrai respect de la mythologie. Le personnage du chasseur est énorme et réussit à nous faire croire à cette histoire abracadabrante où le gouvernement cache l'existence de ces créatures. Bref, pas un chef d'oeuvre mais du plaisir de gosse dont on ressort les yeux tout pétillants!


Allez, on va passer vite sur The Silent House de Gustavo Hernández, probablement le film le plus pourri de la compét'.




Un père et sa fille vont passer la nuit dans une maison pour la rénover le lendemain mais des bruits étranges se font vite entendre. Alors, le pari du film est de ne faire qu'un seul plan-séquence. Ok. Bon, il est probable tout de même que le monsieur ait profité de l'obscurité pour faire quelques coupes mais c'est pas trés grave. Ce qui est grave en revanche, c'est de nous montrer pendant une heure une fille se baladant avec une lanterne pour nous montrer tout le mobilier de la maison. Avec des scènes censées nous faire sursauter en faisant un ptit bruit par ici, un ptit bruit par là et oulala! Quelque chose a bougé dérrière le fauteuil. Ajoutez à cela un scénar sans queue ni tête au twist moisi et vous obtenez une heure trente de torture parfum ennui. Remboursez!!!


Allez, c'est parti pour les oeuvres hors-compét'

Démarrons par le buzz du lot, Rare Exports: A Christmas Tale de Jalmari Helander.




Un enfant découvre que les travaux de forage  à côté de chez lui ont permis de découvrir le tombeau du père Noël. On se rendra rapidement compte que ce dernier, encore en vie, tient plus du père Fouettard que du gentil personnage de Coca-Cola. C'est donc un conte auquel nous avons affaire, à la production trés soignée et faisant hommage aux films d'aventure des années 80. Alors, je ne vais pas m'étaler mais le film m'a moyennement convaincu. C'est certes trés original mais trés absurde par certains aspects et je ne suis pas rentré dans le délire car quand on voit le fin mot de l'histoire, on peut bien parler de délire. En tout cas, le film a fait fureur au festival et a majoritairment enthousiasmé le public. Chacun ses goûts...


Prowl de Patrik Syversen .



L'héroïne souhaite s'évader de son trou paumé et ses amis décident de l'accompagner à la ville. Manque de bol, ils tombent en panne. Re-manque de bol, ils font du stop et sont pris par le fournisseur en viande officiel des vampires du coin.
On se dit pourquoi pas d'autant que le réal est responsable du trés efficace Manhunt. Ben oui mais là, pour le coup, il s'est raté. L'histoire est convenue, c'est atrocement filmé: la shaky cam en force trés mal utilisée. Du coup, on comprend rien, ca crie, ca gesticule, on voit furtivement une créature au design pas mal mais pas exploité puisqu'on voit rien. Le scénar, c'est vraiment portnawak. Bref, c'était trés mauvais. Beurk!



Un ptit film français: Proie d'Antoine Blossier.




Un matin, des agriculteurs découvrent que de nombreux cerfs se sont donnés la mort en fonçant contre les barbelés de leur clôture. Ils décident de partir en forêt pour découvrir ce qui a pu les effrayer.
Un bon film d'horreur français? Et non, encore raté. Ca blablate beaucoup trop autour des conflits familiaux. Encore de la shaky cam pour masquer les faiblesses de la mise en scène où des effets spéciaux (pour les sangliers devenus fous à cause de l'engrais utilisé par les fameux agriculteurs, ah oui, j'vous avez pas dit!). Dialogues de merde, réal à la ramasse, pas de rythme, un héros complètement bidon. Un bon ratage en tout! ouais, c'était bien naze...



Allez, on enquille les chefs d'oeuvre avec En Quarantaine 2 de John Pogue. Ah oui, du trés lourd!





La suite du remake de Rec, pas le remake de la suite de Rec, vous me suivez?
Ce qui veut dire que ça n'a rien à voir avec l'histoire de Rec 2.
Ben oui, là, ça se passe dans un avion et pas filmé façon documentaire. Ah cool, comme Plane Dead? Et ben non parce qu'au bout d'un quart, les gens se retrouvent dans un terminal et ils sont en quarantaine parce qu'il y a des infectés. Pourquoi? Ben parce qu'y'avait un mec qu'avait ramené des hamsters dans l'avion et même qu'en vrai c'était pas des hamsters mais des rats et qu'ils portaient le virus sur eux. Alors y'a un gros qui devient malade et qui court après les gens pour les manger et c'est pour ça qu'ils atterissent de manière urgentissime. Après y'a un rat qui croque un paraplégique qui du coup arrive à remarcher, y'a le héros, ben en fait, c'est le méchant parce que les faux hamsters sont à lui et à la fin, tout le monde crève et à la fin, on voit un chat infecté qui s'échappe de l'aéroport pour infecter le monde entier. Non, je n'ai pas spoilé et ne me demandez pas si c'est bien!



Ah! L'Empire Des Ombres de Brad Anderson.




Bon, y'a Annakin Skywalker qui... Pardon, Hayden Christensen qui se rend compte que la ville est mystérieusement plongée dans le noir et que la quasi-totalité de la population a disparu. Il va rapidement se diriger vers un bar qui dispose encore d'électricité grâce à un groupe électrogène et croiser plusieurs survivants.
Moi, Brad Anderson, je l'aime bien. Il avait fait The Machinist et j'avais trouvé ça cool. Et puis un bon épisode dans les Masters Of Horror. Ben, croyez-le ou pas mais ça n'empêche ce film d'être tout pourri. Il ne se passe pas grand-chose à part des gens en panique qui tapotent leurs lampes de poche pour les rallumer, des ombres qui avancent puis reculent, Une Thandie Newton qui pleurniche et encore une fin religieuse minable. Une daube de plus au compteur...



Le meilleur pour la fin: The Hunters de Chris Briant.




Déjà mon grand, arrête de te la raconter avec ton nom à l'américaine, ton vrai nom, c'est Etienne Huet et t'es français alors fais pas genre.
Ceci étant dit, tu veux raconter l'histoire de personnes qui s'amusent le week-end à chasser des innocents enfermés dans un fort la nuit, ok. Mais tu aurais pas dû... Parce que l'idée de croiser le destin de différents personnages qui se retrouvent au même endroit à un moment donné, c'est pas mal. Mais le faire de manière aussi alambiquée, rajouter une romance sans intérêt, laisser les acteurs en freestyle sans les diriger, filmer tout ça comme un épisode de Derrick et impliquer Marc Snow dans l'histoire, c'est vraiment pas cool. Cette année, les téléfilms étaient acceptés à Gérardmer... Bref, Chris Briant, si tu essaies de retoucher une caméra, j'te coupe les bras!!!



Malheureusement, je n'ai pas pu voir, toujours faute de temps, les films suivants:

Cold Prey 3 de Mikkel Brænne Sandemose

Hybrid d'Eric Valette

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