dimanche 19 décembre 2010

Critique de "Ch@troom"



Réalisé par Hideo Nakata
Scénario: Enda Walsh

Résumé:
William, 17 ans, solitaire, passe son temps sur internet et ouvre un forum de discussion pour les adolescents de sa ville. Rejoints par Eva, Emily, Mo et Jim, tous vident leurs sacs sur leurs parents, leurs soi-disant amis, leurs émois, leurs traumatismes. William, très à l’écoute, les conseille et les incite à s’affranchir de leurs problèmes par l’action… Aucun d’eux ne sait que dans la vie réelle William est un adolescent perturbé, et qu’il est déterminé à influencer le groupe sur son Chatroom « à la vie - à la mort »...

Pour être tout à fait honnête, en ce qui concerne la filmo de Nakata, je m'étais arrêté à Le Cercle 2 qui était vraiment navrant et m'avait un peu dégoûté.
Entre-temps, le monsieur est retourné dans son pays pour tourner Kaïdan, film de fantômes traditionnel et une nouvelle séquelle à Death Note. Ce qui nous amène à Ch@troom, son deuxième essai en dehors de son pays, cette fois, en Angleterre.

Le sujet particulièrement intéressant nous vient d'Enda Walsh (scénariste du plébiscité Hunger) et traite du mal-être adolescent et l'influence qu'a internet sur ce dernier. Un sujet passionnant mais hautement casse-gueule dans la mesure où deux univers (virtuel et réel évidemment) sont dépeints ici et que l'action passe constamment de l'un à l'autre. De plus, les dialogues constituant la majorité du récit, ils se devaient d'être rythmés et dynamisés par le biais de la mise en scène.

A ce niveau-là, c'est trés réussi, l'idée de matérialiser les salons de discussion par de vraies pièces étant excellente et en tout point logique. De même pour le contraste entre le réel (couleurs fades, visages pâles, aucune musique et le virtuel aseptisé (couleurs chaudes, lumières vives, personnages plus beaux, fashion et musique pop). La forme épouse donc trés bien le sujet et forme un univers cohérent.

Les personnages, quant à eux, sont assez touchants, chacun ayant leurs blessures qui se dévoileront au fil de l'intrigue. Il est d'ailleurs appréciable que même s'ils représentent plus ou moins chacun un cliché ( le timide mal dans sa peau, la petite bourgeoise intello...), ils restent profondément humains et on croit à leur fragilité. A ce titre, Aaron Johnson (Kick-Ass) est vraiment excellent.

L'univers dépeint dans le film n'a rien de glamour ou d'aseptisé et c'est ce qui est appréciable. Le film est jusquauboutiste, traite de sujets tabous de manière assez frontale: on parle de pédophilie, de suicide ouvertement. Le film, courageux dans ces thèmes, reflète une réalité trés glauque qui est pourtant la nôtre.

Malheureusement, ces sujets sont lancés mais jamais approfondis ce qui est assez regrettable pour certains axes narratifs qui ne trouveront pas de conclusion. Et on peut être frustré par une oeuvre voulant trop s'élargir dans ses thématiques au point de se perdre et par conséquent de souffrir de pertes de rythme.

Peut-être pas le meilleur film de Nakata à cause de ses maladresses mais certainement le plus subversif et le plus riche thématiquement, ce qu'on doit probablement à la scénariste Enda Walsh. Un film qui n'impose pas de message mais pose son lot de questions pertinentes. Pas du tout ciblé ados et absolument pas fun (un gage de qualité dans le cas présent), il mérite définitivement d'être visionné.


Bande-annonce:





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